Souvenirs... 50ème anniversaire SMV

SOUVENIRS ... tirés de la plaquette éditée en 1968 pour le 50ème anniversaire de la SMV


Le 17 juillet 1917, une circulaire, signée de Th. Roussy, était adressée aux professeurs, naturalistes, botanistes, forestiers et autres amateurs, disposés à collaborer à tous les travaux mycologiques, déterminations, analyses, excursions, conférences, projections, etc., nécessaires à la diffusion de la mycologie.

L’initiative venait d’un certain nombre d’amis de la nature, en particulier les professeurs E. Wilczek, Ch. Arragon et MM. Ch. Jaton et Th. Roussy, qui déploraient que dans notre pays, pourtant si riche en champignons, il n’y eut pas de groupe apte à poursuivre les études si bien entreprises par Louis Secretan homme d’Etat, auteur en 1833, au soir de sa vie, d’une « mycographie suisse » qui fit longtemps autorité.

L’intérêt soulevé par cette initiative amena la création de la Société Mycologique Vaudois (SMV), au cours d’une assemblée qui eut lieu à Lausanne le 23 janvier 1918 au Café de la Banque à la Rue de Bourg.

Un comité composé de MM. Arragon président, Jaton vice-président, Roussy secrétaire, Giroud trésorier et Wilczek bibliothécaire, est alors chargé d’élaborer des statuts et d’organiser l’activité pratique de la société. Les statuts sont acceptés à l’unanimité le 20 février 1918 par 36 membres sur les cent que compte déjà la jeune association. Et le 11 août eut lieu la première sortie en commun, En Marin sur les hauts de Lausanne, au cours de laquelle on détermine une quarantaine d’espèces !

Le 23 janvier 1918, on avait déjà constitué une commission d’herborisation composée de MM. Wilczek, Jaton, Gaillard, Blanc et Blondel. Très vite à l’œuvre, elle organise entre le 1er mars et le 23 novembre, 29 expositions sous la grenette de la Riponne à Lausanne, les mercredi et samedi, jours de marché. Ceux de l’époque se sont souvenus longtemps de cette grande table où marchands et sociétaires soumettaient leurs récoltes aux « experts » de la SMV, autour desquels se pressaient amateurs et curieux. Pendant cette période, 1320 espèces furent examinées et cataloguées, dont 125 pour la seule matinée du 19 octobre.

Ces premiers succès incitèrent alors la Municipalité de Lausanne à confier à la SMV le contrôle des champignons vendus sur le marché, afin de mettre un terme aux pratiques de certains exploitants qui n’hésitaient pas à offrir à des prix exorbitants des champignons avariés ou sans valeur culinaire.

A cette activité s’ajoute encore l’expertise des envois de l’extérieur. Chaque lundi et chaque jeudi, nos déterminateurs se réunissaient chez M. Roussy qui, libraire à la rue de Bourg de son métier, possédait les ouvrages classiques de la mycologie de l’époque.
La jeune SMV avait ainsi d’emblée gagné ses galons et pendant ces cinquante dernières années, elle n’a pas failli à sa tâche en organisant des séances de détermination, des courses en forêts, des expositions et en constituant petit à petit sa propre bibliothèque, qui est aujourd’hui fort bien fournie.

Les séances de détermination du lundi se sont tenues d’abord à l’hôtel de France, puis aux restaurants de la Cloche et de la Cité, Au Laboratoire cantonal des denrées alimentaires et enfin au collège de Saint-Roch. Toujours bien fréquentées, elles furent animées d’abord par MM. Blondel et Roussy, puis plus tard par M. Theintz qu’en 1919 la Municipalité avait nommé contrôleur officiel du marché aux champignons, en l’autorisant à participer aux excursions de la société, « ceci afin de parfaire ses connaissances ».

Au début, ces séances ne manquaient pas de pittoresque. Elles sentaient le mystère d’un club d’initiés. Pour le débutant, elles étaient troublantes, voire déconcertantes. M. Blondel, en effet, en très bon Vaudois qu’il était, désignait les champignons, après les avoir enfouis dans sa grosse moustache, par leur nom d’espèce seulement, sans jamais citer le genre, comme dans le pays on parle de Louis ou de Constant sans avoir à préciser que l’un est un Favez et l’autre un Grognuz !

Tout se déterminait à l’œil, au nez et au bec avec l’aide du Bigeard, bon ouvrage de poche pour l’époque. Mais peu à peu, sous l’influence de Konrad et Maublanc et aussi par les relations de certains de nos membres avec MM. Favre et Poluzzi de Genève, ou de Mme et M. Marti de Neuchâtel et même de la Société Mycologique de France, les déterminations se sont bien améliorées et aujourd’hui c’est la science raffinée de Kühner et Romagnesi et de Moser qu’exploitent et cultivent les « experts » de la Commission de détermination.

Les courses ont toujours figuré au programme de la société selon des itinéraires choisis judicieusement par les très bons connaisseurs du pays, successivement MM. Girod, Prod’hon, Golaz, Sennwald. Schwob et Chauvet. Elles ont largement contribué à développer la science mycologique au sein de la société et dans le pays. Leur ambiance fut toujours simple et cordiale. Il en est des classiques : La Correntine au printemps, la rencontre Vaud - Genève en automne à la Cabane de la Paix au bois des Tailles près de Yens.

D’autres firent sensation. Ainsi celle de la Correntine les 8 et 9 mai 1943. M. Schwob y pilote 33 participants « Comme toujours excellent accueil du Ski-Club de Bière qui pour la matinée du dimanche avait commandé 30 cm de neige fraîche… la bonne humeur ne cessa de régner et fut récompensée par un exploit digne d’être noté dans les anales de la SMV. En effet, sous la neige mais dans des coins quelque peu abrités, furent récoltées 72 morilles en parfait état …

Celle des 19 et 20 mai 1945, à la Correntine encore, réunit 31 personnes, qui à défaut de champignons, fêtent la fin de la guerre avec une monumentale fondue dont les éléments solides et liquides sont amenés de Bière par un attelage spécial !

En 1920, à la demande du premier Comptoir Suisse, une exposition permanente fut organisée sous couvert, dans les jardins. Elle eut un immense succès de curiosité … Le public qui s’y pressait put y voir 227 espèces. Mais c’était, comme l’écrivait mélancoliquement M.Roussy à M. Konrad, « beaucoup de mycophages, peu de mycologues… »

Ces expositions au Comptoir durèrent jusqu’en 1930 ou fut présentées 200 espèces à plus de 6000visiteurs environ. Elles ont été abandonnées par la suite pour cause de moyens financiers et logistiques. Il faut relever quand même celle de 1924 avec 319 espèces présentées, qui fut honorée de la visite intéressée de M. Chuard président de la Confédération.
En 1943, l’occasion de ses 25 ans d’existence, la Société organisa une grande exposition au Musée Arlaud à la Riponne. 248 espèces ont été vues par 2869 visiteurs.

D’autres expositions eurent lieu en 1948, 1950 et 1951 à la Salle Jean Muret , Rue Chaucrau, puis en 1955 et 1960 aux Galeries du Commerce. En 1966, c’est au Foyer du Théâtre que sont présentées 307 espèces à environ 3000 visiteurs.

Petit à petit, la société a acquis des instruments de travail : d’abord et encore des livres (plus de 200 volumes à ce jour), un épidiascope, puis 2 microscopes dont un modèle récent de type Wild M11. Aujourd’hui, elle peut répondre à tous les besoins en matière de détermination. Grâce à ces enrichissements, elle peut satisfaire ceux des membres qui veulent accéder au grade de « mycologues » …

En 1938, Mlle Büri lui remet deux superbes portefeuilles contenant les aquarelles de son frère, membre décédé. En 1920, ce même M. Büri avait commencé une collection de photographies, qui en est finalement restée à 63 clichés.

En ce qui concerne les relations avec l’extérieur, la SMV adhéra en en 1925 déjà à la Société Mycologique de France. Plus tard, en 1936, une tentative d’Union Romande vit le jour et ne publia finalement qu’un seul bulletin de la dite Fédération …

En 1952, après bien des hésitations, elle rejoint l’Union Suisse des Société Mycologiques. Cette adhésion lui donnait l’accès au « Bulletin Suisse de Mycologie », revue éditée principalement en allemand … Si bien que la partie francophone sera finalement intégrée, pendant bien des années, au bulletin des « Pêcheur et Chasseur Suisse »

En 1961, la SMV devient partenaire de la Société Vaudoise des Sciences Naturelles.

En hiver, la SMV organisa bon nombre de causeries et conférences.
Elle eut l’honneur de recevoir et d’écouter entre autres MM. Favre, Poluzzi et Duperrex de Genève, M. et Mme Marti de Neuchâtel, et les sommités françaises de l’époque MM. Métrod de Champagnolles, Kühner de Lyon et Heim de Paris.

Le nombre de membres a varié selon les époques. De 100 qu’il était en 1918, il est de 270 en 1968. Pendant la dernière guerre, bien des amateurs de denrées non contingentées y ont cherché profit.

En 1968, la SMV fête son demi siècle. Un grande exposition est organisée à Pully. Le succès est immense, ce d'autant plus que l'année est exceptionnelle sur le plan mycologique.

A cette époque, plusieurs groupes se sont formés ailleurs dans le Canton et la Société est devenue de plus en plus Lausannoise.

Les membres particulièrement méritants ont été nommés membre d’Honneur selon la tradition. D’autres personnes éminentes l’ont été également.

 

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